Le rapport Spinetta, remis au Premier ministre jeudi 16 février, menace l'avenir des petites lignes ferroviaires, très nombreuses, peu empruntées, et dont l'entretien coûte cher. En Nouvelle-Aquitaine, une dizaine de lignes seraient concernées.
Selon le rapport sur l'avenir du réseau ferroviaire français remis jeudi au gouvernement par l'ancien patron d'Air France, Jean-Cyril pinetta, les petites lignes de TER sont "héritées d'un temps révolu".
Ces lignes transportent 2% des voyageurs dans 9% des trains, sur 45% du réseau. Or, elles mobilisent actuellement 16% des moyens consacrés au ferroviaire, soit 1,7 milliard d'euros par an. Chaque kilomètre parcouru par un voyageur coûte un euro à la collectivité.
La situation ne serait pas catastrophique si ces lignes n'étaient pas en mauvais état. L'Etat et les régions ont beaucoup investi ces dernières années, mais il faudrait encore ajouter, selon SNCF Réseau, plus de 5 milliards d'euros pour assurer leur pérennité.
Quelles lignes l'Etat doit-il abandonner ?
"Le rapport ne propose pas de fermeture de ligne", assure Jean-Cyril Spinetta. Il n'empêche: il préconise un audit de ces liaisons qui représentent le quart de l'offre des TER, doublé d'une contre-expertise du Commissariat général à l'investissement.
Le réseau secondaire serait ensuite divisé en deux parties: les lignes "dont la rénovation est justifiée d'un point de vue socio-économique", et les autres, qui formeraient un "réseau obsolète". L'Etat se désengagerait complètement de ces dernières, libre aux régions de les sauver.
Inquiétudes en Nouvelle-Aquitaine
Évidemment, ce rapport suscite de très nombreuses réactions dans la région, particulièrement en Dordogne."Si on applique le rapport Spinetta à la lettre, on ferme quasiment toutes les lignes de la Dordogne. Périgueux-Agen, Perigueux-Brive, c'est sur qu'elles vont fermer ", explique Olivier Riffet, de la CGT 24, qui travaille aux Ateliers du Toulon.
À l'hôtel de région aussi, les conséquences du rapport Spinetta inquiètent. Car si l'Etat se désengage, ce sont les collectivités publiques qui devront payer pour assurer la survie de ces lignes.
"Ce sera une somme totalement insupportable", juge Renaud Lagrave, vice-président de la région, chargé des infrastructures, des transports et des mobilités. "Pour mettre à niveau le réseau en Nouvelle-Aquitaine, c'est plus d'un milliard et trois cent millions qu'il nous faudrait" détaille-t-il.
"Le chemin de fer n'est par rentable" rappelle de son côte Alain Rousset, le président de région. "Il faut accepter, à un moment, que l'enjeu du réchauffement climatique, la sécurité de nos concitoyens, fasse partie de la dépense publique"